José Rizal
En 1887, José Rizal écrit "Noli me tangere".
C'est l'histoire du jeune Ibarra, métis philippin d'origine basque, qui revient aux îles après un long séjour en Europe.
Il est frappé par la misère du peuple, par les exactions du colonialisme et décide, pour y remédier, de fonder une école où serait enseignée pour tous, la langue castillane, la langue de Cervantès, car pour lui, l'accession à la liberté passe avant tout par une émancipation culturelle.
Ibarra est amoureux de Maria-Clara, la fille adultérine de Damasio, un influent prélat.
Damasio cherche à détruire Ibarra et ruiner ses initiatives. Faussement accusé d'un meurtre, Ibarra est poursuivi par la police. Dans sa fuite, il est aidé par Elias qui se sacrifie pour lui.
Laissé pour mort par ses poursuivants, Ibarra parvient in extrémis à s'échapper. Il a la vie sauve mais doit abandonner Clara. Elle demeurera fidèle à cet amour de jeunesse pendant toute sa vie.
Thèmes développés :
— Chaque chapitre développe et met en oeuvre un archétype que les lecteurs de La Face cachée du Cerveau pourront aisément identifier : la Gauche et la Droite structurelles, l'Echange latéral, le Miroir, l'Inversion, la Labyrinthe, le Complot, le passage en "Séterélion", le Gardien, les Alliés.
Les références à Don Quichotte sont incessantes.
En deuxième partie de l'œuvre, publiée sous le titre "Révolution aux Philippines", Ibarra revient aux îles, pour la seconde fois. Il est méconnaissable. Désormais, il se nomme Zimoun. Il est richissime. Sa fortune aidant, il s'introduit dans les hautes instances sociales et politiques du pays. Il impose son autorité, soudoie politiques et religieux pour mieux les soumettre. Devenu féroce et intraitable en apparence, il garde cependant secrètement le même objectif que celui qui nourrissait sa jeunesse : réformer et transformer son pays. Sa méthode est singulière. Devenu l'homme le plus puissant des îles, Zimoun opprime les pauvres, augmente les charges, aggrave ce qu'il prétend abolir. Il espère ainsi, au plus intime de ses convictions, susciter une révolution, une révolte des opprimés. Il doit cependant accepter sa défaite : le peuple est tellement soumis, inerte, abruti par ses propres faiblesse et ignorance qu'il accepte les pires exactions.
Devenu d'une part le bourreau de son propre peuple, Zimoun (Ibarra) se lie d'autre part avec des groupes révolutionnaires. Il envisage avec eux de prendre le pouvoir et de renverser le système colonial espagnol.
Il leur fait parvenir des armes à feu, met en œuvre une double stratégie : d'une part il augmente la répression contre le peuple ; d'autre part, il encourage la révolte… de ce même peuple qu'il opprime.
Pendant ce temps, son ennemi mortel, Damasio, commence à se dévoiler. Sous son masque de prélat se cache un sordide fomentateur doté d'une exceptionnelle intelligence. Damasio découvre le système organisé par Zimoun. La lutte entre les ennemis est dès lors impitoyable, avec, en arrière plan, l'enjeu réel du combat qui reste Clara.
Zimoun dispose d'armes redoutables : l'argent, la fortune, les relations, mais surtout, il possède une mystérieuse valise (référence à Don Quichotte, la valise abandonnée de Cardénio dans l'épisode de la Sierra Morena). Cette valise contient un fabuleux trésor. Quel est - il ? Allégorie quichottienne ! C'est la valise de la Connaissance, du code initiatique. Poursuivi, Zimoun préfère jeter sa valise à la mer, en espérant qu'un jour quelqu'un la retrouvera et l'ouvrira pour en dévoiler le contenu à l'humanité.
Et c'est justement chose faite dans La Face cachée du Cerveau de Dominique Aubier.
Rizal évoque sa référence cervantienne. Une troupe de comédiens vient jouer l'opérette "Les Cloches de Corneville" à Manille. Les actrices montent sur scène, portant des panonceaux et sur l'un d'eux est écrit "les Servantes".
"Servantes" renvoie de tout évidence à Cervantès. Tout ce chapitre renvoie à Don Quichotte, plus encore, la dramaturgie de l'opérette "les Cloches de Corneville" se déroule en Normandie, dans le département de l'Eure. C'est l'histoire d'une servante, "Serpolette"… Il semblerait bien que José Rizal en kabbaliste éprouvé, grand lecteur de Don Quichotte, ait vu de loin (il était ophtalmologue) l'exégète de Don Quichotte qui vivrait un siècle plus tard en Normandie, dans l'Eure…
On peut affirmer sans aucune hésitation que l'œuvre de Rizal "Noli me Tangere" et "Révolution aux Philippines" est annonciatrice des travaux d'exégèse de Dominique Aubier sur Don Quichotte.
L'essai "José Rizal, Don Quichotte des Philippines" est un hommage faisant le lien entre l'écrivain Philippin, Don Quichotte et Dominique Aubier. Il s'agit d'envoyer à Rizal, par delà le temps, un accusé de réception. Votre message, cher José, a été bien reçu et compris.