Le Conquistador Bernal Diaz del Castillo
 
Il naît à Medina del Campo, en 1495, et part pour l’Amérique à l’âge de vingt ans. Il fait partie de ces hidalgos ruinés, de ces troupes de soldats revenus misérables des guerres d’Italie et d’Afrique. Bernal Diaz fait autorité pour ce qui est de traiter de la Conquête du Mexique. Il est le seul Espagnol à prendre part aux trois expéditions qui devaient conduire à la prise de Mexico. Plus intéressé à vivre qu’à écrire, Bernal Diaz attendra la fin de sa vie pour prendre la plume et raviver sa mémoire. Ce qui l’inspire, c’est un chroniqueur dont il n’approuve pas la chronique. L’historien Gomara exalte Hernan Cortes, mais ne rend pas justice aux soldats, et méprise les Indiens. Bernal Diaz se fâche, il se fâche tout au long de son livre et prend à partie ce Gomara, historien suspect. Pour mettre au point la vérité, Bernal Diaz del Castillo, à 72 ans, entre dans ses souvenirs. Le film de l’aventure est intact. Il revoit, retrouve, compte le nombre de soldats, le nombre de chevaux, des canons, des arbalètes, il se souvient de tout, dans les moindres détails, et dans la prodigieuse exactitude de ses souvenirs, on retrouve la naïve et généreuse attention de la jeunesse. Le jeune Bernal Diaz de vingt ans portait l’arbalète, marchait sur ses sandales de corde… Il réapparaît dans l’esprit du même Bernal Diaz, cinquante ans plus tard. Il nourrit son esprit d’images, de détails : qu’il sache les noms des chiens, des chevaux est naturel, ces derniers participant aux combats comme auxiliaires privilégiés de l’homme. Un homme du Moyen-Age les considère comme des êtres profondément individualisés, ils ont droit à leur part de butin. Bernal Diaz, plongé dans le passé, regarde la conquête et s’y voit. Il fustige, s’en prend à Gomara, comme si celui-ci se tenait de l’autre côté de la table. Il l’accuse, rectifie, repart dans son récit, non plus à la conquête du Mexique, mais à la conquête de la vérité, toujours aussi conquistador. Le texte de Bernal Diaz relate « l’histoire véridique » de la conquête du Mexique. Tous les textes historiques s’y réfèrent, car elle est incontestablement véridique : Bernal Diaz n’efface aucune horreur, n’ajoute aucun palliatif. Aucun réflexe de pudeur éthique. C’est qu’il n’éprouve aucune honte pour aucune action, si ce n’est pas condamnation de Cuautemoc. Il n’a plus à craindre ni représailles ni sanctions. Il écrit avant de mourir. Pas l’ombre d’une tricherie sur ces batailles et le regard qu’il porte sur elles. Chrétien, mais sans que son catholicisme le pousse au fanatisme, il participe à la pensée de son époque. Mais dans sa chronique, qu’il écrit à l’âge de 72 ans, son espagnol s’est frotté aux tournures indiennes, les mots tsalcaltèques et mexicains s’égarent dans son texte. Dans le cours du récit, les mots vivent, passent, disparaissent. Le mot « pont » par exemple, ne désigne jamais la même réalité, mais toute une série de situations dont le mot est le signal. Le pont, c’est bien le pont sur le canal, mais c’est aussi la passerelle construite par Cortes, puis le lieu du pont détruit, puis le fait de remplacer le pont par la passerelle, c’est aussi le fait de traverser la passerelle, et comme elle se renverse, c’est le malheur survenu à l’endroit du pont. Et un demi-siècle plus tard, le souvenir aussi s’appelle « le pont » puisqu’il contient toutes les images successives à l’endroit d’un pont… Dans sa hâte à tout dire, Bernal Diaz laisse tomber des phrases qui resurgissent plus loin, il ne s’exprime pas toujours clairement, même par rapport à la langue parlée de son temps. Il fixe ainsi lui - même bien es mots et laisse leur sens évoluer de page en page, à mesure qu’il prend mieux conscience de son aventure. Dans sa précipitation à conter, il s’emporte, s’étouffe, ponctue ses phrases par des « y » (et, et puis) par des séries régulières de points de suspension invitant à l’ellipse. Par le rythme de son écriture, on entend le souffle de celui qui écrit, on entend l’homme, on entend sa voix. Bernal Diaz meurt en 1585, à Santiago de Guatemala dont il était devenu le Regidor.
Il avait interdit l'esclavage des Indiens dans sa province.
— l'Histoire de la Conquête du Mexique ;
— Le point de vue des Conquistadors ;
— Le point de vue des Aztèques ;
— l'épopée de Cortès ;
— le trésor de Montezuma ;
— l'or des Aztèques
— la civilisation Aztèque ;
— la mythologie mexicaine des Aztèques
— le choc des cultures
— le revers de la Conquête
— l'héritage de la civilisation Aztèque…
La Conquête du Mexique
 
La Conquista de Mexico
 
"L'Histoire Véridique de la Conquête de la Nouvelle-Espagne"
Historia verdadera de la Conquista de la Nueva España
 
Feuilleton radiophonique en 15 épisodes de 20 mn,
de Dominique Blumenstihl, sur une traduction de Dominique Aubier
d'après la chronique du conquistador Bernal Diaz del Castillo
et les lettres de Hernan Cortès.
Réalisation : Jacques Taroni, prix Radio Italia
Production : Radio-France, France-Culture
Enregistrements : studios de Radio-France, Paris
Ecouter un extrait de la série
La série intégrale est disponible gratuitement pour les chercheurs à l'INA
l'INATHEQUE de l'Institut National de l'Audio-Visuel notice  n° 00339448.